La fellation est-elle indispensable à l'épanouissement sexuel?

- Catégories : Sexe et culture

"J'aime ses yeux qui se révulsent quand il perd le contrôle, ses mains dans mes cheveux, sa respiration haletante et j'aime plus que tout savoir que c'est moi qui décide, que c'est grâce à moi qu'il est comme ça, qu'il s'abandonne, et j'en suis fière." Lorsqu'elle parle de la fellation, Mélanie n'éprouve pas la moindre gêne.  

"C'est par périodes, certaines où j'en suis dingue et d'autres où j'en ai moins envie. C'est une pratique tendre, un moment de complicité. On ne programme rien, c'est spontané, ça se fait aussi bien dans notre lit que sous notre douche." Pour la jeune femme, loin d'être un acte imposé, la fellation est avant tout une source de plaisir mutuel.  

Pour d'autres en revanche, elle ne provoque aucune sensation agréable, voire inspire du dégoût. Difficile pour ces dernières d'assumer leur peu d'appétence pour le sexe oral, tant aujourd'hui la pipe est souvent décrite dans les médias comme "le ciment du couple." De fait, la fellation est-elle indispensable à l'équilibre sexuel? 

Une pratique qui s'est généralisée depuis les années 1990

Premier constat, la dernière grande enquête sur les pratiques sexuelles des Français réalisée par l'Inserm en 2006 révèle que les pratiques de sexualité orale, cunnilingus et fellation, se sont généralisées dans les années 1970 et 1980. Un phénomène qui s'est encore accentué dans les années 1990 et 2000. Plus de 80% des femmes déclarent ainsi en 2006 avoir expérimenté le sexe oral, en nette augmentation par rapport à 1992, où 48% des femmes de 55 à 69 ans disaient encore n'avoir jamais fait de fellation. 

A noter que le cunnilingus était lui expérimenté par 85% des hommes et des femmes en 2006. Entre 25 et 49 ans, 70% des uns et des autres pratiquent cette activité souvent ou parfois. En résumé, fellation et cunnilingus font désormais partie intégrante de la vie sexuelle des Français. 

La fellation, souvent associée à la soumission

Une véritable révolution au regard de l'image négative dont la fellation a souffert jusqu'aux années 1970. A l'époque romaine, souligne ainsi Thierry Leguay, auteur d'une Histoire raisonnée de la fellation(éd. Le Cercle), elle avait une connotation particulièrement humilianteet était considérée comme plus impure que la sodomie. Sans remonter aussi loin dans le temps, jusqu'à il y a encore une trentaine d'années, les hommes allaient chez les prostituées pour la fellation qu'il était pour la plupart impossible, moralement, de demander à leur conjointe.  

"Dans tout l'Occident, la fellation, fermement condamnée par l'Eglise, se pratiquait dans le secret. Elle correspondait, comme la sodomie, à une forme d'anti-conception", explique le sexologue Philippe Brenot dans Le Monde. Si peu à peu la pratique est entrée dans les moeurs, elle reste malgré tout pour beaucoup assortie d'une image de soumission de la femme.  

"Ce n'est pas tant l'acte que je n'aime pas, confie Sandrine, 34 ans, que la position dans laquelle je me retrouve. Pour moi, c'est d'ailleurs ça qui excite les hommes, de nous sentir physiquement inférieures à eux, à genoux en quelque sorte, comme si on leur prêtait allégeance, si ce n'est à eux, au moins à leur sexe."  

Un essentiel de la sexualité?

"Ce que la plupart des messieurs aiment par dessus tout n'est pas tant la fellation mais de se regarder être sucé", analyse Jocelyne Robert, célèbre sexologue canadienne. Pour cette dernière, insinuer que la fellation est un possible ciment du couple "tient davantage du slogan publicitaire que d'une vérité": "Pourquoi pas 'Qui m'aime me suce!'? Ou encore 'Ils vécurent heureux éternellement car elle le suça jusqu'à la fin des temps!'", s'exclame-t-elle.  

"L'idée que la fellation puisse sceller le couple est d'une grande candeur", s'agace la sexologue. "Ce serait trop simple. Les jeunes femmes d'aujourd'hui, influencées par la pornographie omniprésente, n'ont jamais tant et si bien pratiqué la turlutte. Pourtant, elles n'ont jamais autant non plus été jetées allègrement. De la même manière qu'elles n'ont jamais autant envoyé promener leur conjoint."  

"Je ne pense pas que ce soit un essentiel de la sexualité, estime pour sa part Angie. "Il y a tellement de choses dans le sexe que l'on peut se passer de fellation, d'autant que tous les hommes ne sont pas demandeurs!" "J'ai du mal à concevoir que la fellation puisse être une nécessité, une corvée. C'est juste un plaisir. Le plaisir de donner du plaisir", ajoute Gwen. "Dire que la fellation est indispensable à l'équilibre du couple, c'est insinuer qu'on se doit de s'y plier pour garder son homme, même si on n'aime pas ça. C'est finalement faire la promotion du sexe forcé, comme si ce n'était pas grave de s'adonner à quelque chose que l'on ne goûte pas, au sens premier du terme", déplore quant à elle Caroline. 

"L'amour ne se résume pas à une pipe bien faite"

"On est passés d'un extrême à un autre, d'une époque où avouer qu'on le faisait était honteux à cette aberration, qui veut qu'une femme libérée doit absolument le faire et mieux, aimer ça. Mon conjoint sait que ce n'est pas spécialement mon truc, j'imagine que ça le chagrine, mais à côté de ça, il y a plein d'autres façons de s'éclater et s'il devait me quitter pour cette raison-là, je pense que ce serait un faux prétexte. L'amour, heureusement, ne se résume pas à une pipe bien faite!"  

Et les hommes dans tout ça, qu'en pensent-ils? "Je ne vais pas mentir, c'est une des meilleures choses au monde", confie Cédric. "Non seulement sur le plan sensuel mais aussi parce que c'est quelque chose de très intime. Il peut m'arriver de le demander à ma compagne. Mais le plaisir est bien plus important en ce qui me concerne si cela vient d'elle. Je crois que le fait qu'elle en ait envie participe de mon excitation". "Égoïstement, je serais frustré si elle avait une réticence à ce niveau-là, d'autant que moi, j'aime lui rendre la pareille", indique quant à lui Mathieu. "Mais de là à dire que ça mettrait notre couple en péril, non. Cela me manquerait, oui, mais pas à ce point." 

Un facteur d'excitation si elle est faite avec désir et plaisir

Parfois néanmoins, la fellation peut être un moyen de raviver le désir, raconte Marie, qui a traversé une période de disette en la matière. "Mon mari et moi avons alors mis en place un rituel. Une fois ou deux par semaine, il me propose un massage (dos, bras, tête) et ensuite, je m'occupe de lui. C'est un chouette moment de complicité, on met de la musique douce, on se papouille, on se touche, on décompresse, c'est parfait! Après ce n'est pas notre unique forme de sexualité, on fait également l'amour de manière plus traditionnelle, en y prenant du plaisir, mais la fellation fait aujourd'hui vraiment partie intégrante de notre vie sexuelle." 

"La fellation, ne vous méprenez pas, j'ai tout pour. Comme j'ai tout pour le cunnilingus et autres batifolages érotiques entre amants consentants", résume Jocelyne Robert. "Une règle s'impose en amour: ne rien faire qui n'est pas désiré, rien non plus qui puisse gêner l'autre", rappelle quant à lui Philippe Brenot. "La fellation peut, et doit, être un facteur d'excitation pour la sexualité féminine, elle ne doit jamais être seulement pratiquée pour 'faire plaisir au partenaire'. Il faut pour cela permettre aux femmes d'être actives pour et par elles-mêmes." "Consentement", c'est bien le mot à retenir pour Angie, qui ne "se force jamais". 

Partager ce contenu

Ajouter un commentaire

Boxed:

Sticky Add To Cart

Font:

Call Our Store

+33607714427

districlubs@gmail.com

Working hours of our store:

On weekdays:

Saturday:

Sunday:

from 8:00 to 21:00

from 9:00 to 20:00

from 10:00 to 19:00